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Réforme des lycées professionnels : une réponse partielle à l’enjeu d’attractivité des formations

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Réforme des lycées professionnels : une réponse partielle à l’enjeu d’attractivité des formations

Déployée progressivement depuis la rentrée 2023, la réforme des lycées professionnels ne rencontre pas encore l’adhésion de toutes les parties prenantes. Au mois de décembre, plus de 120 chefs d’entreprise ont signé une tribune s’engageant « pour la réussite du lycée professionnel », alors que dans le même temps, plusieurs syndicats restent vent debout contre la réforme, avec une dernière journée de grève organisée le 1er février dernier.

L’objectif principal de la réforme est de mieux faire coïncider les formations de la voie professionnelle avec les besoins des entreprises, compte tenu d’un bilan relativement négatif confirmé par les chiffres 2023 l’INSEE :

  • Inférieure de 20% au bac général, la productivité ou le rendement du « bac pro » n’est pas au rendez-vous (taux de réussite et de débouchés effectifs vers les métiers concernés) ;
  • Le taux d’insertion six mois après le diplôme n’excède pas 40% ;
  • 40% des élèves connaissent des fragilités en français et 70% en mathématiques, contre respectivement 6% et 20% dans les filières générales et technologiques.

Le gouvernement a donc élevé la formation professionnalisante au rang de « cause nationale », sachant que 330 000 emplois restent vacants sur le territoire (données Dares, 4ème trimestre 2023) et que la réindustrialisation est freinée par les manques de main d’œuvre qualifiée. Des moyens conséquents sont ainsi annoncés pour améliorer la formation en lycée professionnel, qui concerne près d’un tiers du total des lycéens, soit 600 000 jeunes :

  • Rallongement des stages, notamment en terminale (jusqu’à 12 semaines), afin de faciliter l’intégration rapide au marché du travail ;
  • Renforcement de la rémunération des stages, avec une prise en charge par l’Etat sur un budget d’un milliard d’euros supplémentaire par an ;
  • Mise en place d’un « bureau des entreprises» au sein de chaque lycée afin de faciliter les relations entre lycée et entreprises ;
  • Proposition pour les enseignants de signer un pacte associé à un supplément de salaire, avec comme mission principale de « faire l’interface entre lycée, entreprises et partenaires du service public de l’emploi » ;
  • Renforcement des enseignements généraux dans le cursus, en particulier le français et les mathématiques, pour lesquels des classes à effectifs réduits sont prévues en seconde et première dès la rentrée 2024.

Pour que cette réforme soit un succès, les entreprises doivent adhérer au projet ; à cet effet, l’Education Nationale a publié un guide pour les aider à mieux collaborer avec les lycées professionnels. Elles sont ainsi encouragées à renforcer leurs liens/interventions avec les établissements proches, à contribuer à l’adaptation de l’offre de formation au niveau local et national, et à proposer des offres de stages qui, à terme, devraient déboucher sur des embauches. L’acceptabilité sociale de ces changements doit également être prise en compte ; certains professeurs et parents craignent un « adéquationnisme » forcé pour les élèves qui ne pourraient pas suivre les formations qui les attirent, si celles-ci sont insuffisamment porteuses sur leur territoire.

Pour les branches, disposer d’une vision claire et précise des formations existantes et de leur niveau d’adéquation avec le marché du travail va devenir de plus en plus incontournable pour orienter les politiques emploi-formation.

Les expertises de KYU et son outil statistique Komète permettent de répondre aux enjeux soulevés par la réforme, en particulier la cartographie et l’analyse de l’adéquation de l’offre de formation, le recensement des métiers/compétences en tension ou encore l’analyse des facteurs de tension.

Toute analyse quantitative doit aussi prendre en compte le contexte plus général des secteurs et de leur attractivité. Augmenter le nombre de places menant aux métiers en tension ne mènera pas automatiquement au remplissage des filières ; de la même façon, malgré les besoins en recrutement des entreprises, de nombreux lycéens professionnels peinent à trouver des stages adaptés à leur formation.

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